Le Graffiti

Faisant partie pour toujours de ma vie, le graffiti me possède à tout jamais. En effet, il fut pendant près d'une décénie mon moyen de création principal. Après 5 ans à avoir noirci des carnets de papier à dessin, je commençais à posséder quelques bases...
Le défaut majeur qu'a la plupart des gens est de comparer TAG et GRAFF, or il y a autant de différence entre le premier et le second, qu'entre un vulgaire un cahier de brouillon et une toile de maître. 
Seconde nuance, tous les taggers ne savent pas graffer, en revanche tous les graffeurs savent tagger (la raison étant qu'avant de graffer, on commence tous par gribouiller puis tagger... sur une feuille.), mais, aussi, que tous les graffeurs taguent quand ils signent leurs oeuvres. 

Au début on commence par faire des "chromes" ou "silver". Intérieur couleur métal (d'où le nom) et contour généralement noirs ou de couleur foncé (selon le feeling du peintre). Ce type de graffs met l'accent sur la caligraphie et donc sur le niveau technique du graffeur, car, là, aucun moyen de faire passer des lettres moyennes avec de jolies couleurs. C'est, à mon sens, l'essence même de cet art qui consiste à trouver des lettres que personne n'a jamais faites. Beaucoup d'infimes nuances sont décelables, mais il faut être un minimum rompu et, surtout, intéressé...
Je me rappelle des discussions dans la cours d'école avec d'autres "writers" (nom américain), nous nous émerveillions d'un détail sur une lettre!

"Mode (pour Mode 2) a sorti un nouveau E, comment il déchire!"
Après vient le temps des graffs colorés que l'on exécute souvent le dimanche après midi avec ses compères aficionados de la même culture urbaine. Ces rendez-vous se déroulent généralement dans un terrain vague et, toujours, dans une ambiance très joviale, bon enfant, c'est un peu comme une fête. Certains sont chargés d'amener à manger (paquets de gateaux), d'autres à boire et dans certains cas ces après midi de peintures sont rythmés par de la musique. J'en garde de merveilleux souvenirs.
Il faut savoir que le graffiti est un petit monde avec ses "stars", ses mensuels, français et étranger. Au tout début il y eût "1TOX", magazine fait avec de petits moyens, sur du papier recyclée, puis d'autres suivirent d'apparences plus revues que l'on trouve en librairie, tel "COKTAIL MOLOTOV", il parut même des livres en papier glacé comme "SPRAY CAN ART", retraçant la naissance du graffiti aux USA, plus proche de nous, et résolument hexagonal, "PARIS TONKAR", relatant pour sa part, les balbutiements de cet art pictural en France.
Les grands noms et pionniers du graffiti français se nomment: BANDO, BOXER, MODE 2 (c'est par eux que tout à débuter, après le voyage de Mode2 à New York.). C'était l'époque des CTK ( Crime Time Kings). Vinrent ensuite des mecs comme DEGRE, OENO, STEM, COLORZ. Il convient de préciser que pour tous ces noms, le graffiti était synonime d'illégal et que le vrai graffiti ne pouvait se concevoir le dimanche.
Ainsi DEGRE a retourné les rues de Paris, les métros. Pour OENO & STEM, ce fut la station de métro "Louvres-Rivoli" qui fut la cible.
Mais les lois se sont très nettement durcies et par la suite les gens ne trouvaient plus ça marrant lorsqu'il prenaient leur métro de 7h30, que celui-ci était maculé de haut en bas. Ce procédé s'appelle "top to bottom". Il y a aussi le "whole car" qui est une peinture du premier au dernier wagon et généralement réservé aux trains ou aux RER (les rois des whole cars sur RER sont les SDK).
Malgré ce durcissement, certains réussissaient à se jouer de l'autorité et à faire quasiment ce qu'ils voulaient, ex: FIZZ.
Ce dernier a peint un métro entier en représaille d'une de ces nombreuses amendes, "Fizz, 500 000 francs aller-retour", faisant ainsi un sacré pieds de nez à la RATP.
Encore maintenant, je ne suis plus trop dedans mais il paraitrait que O'CLOCK parvient à faire de gros dégats. 
Voilà pour la partie illégale...
Passons à une partie moins hors-la loi, le graffiti en terrain.
Et comment aborder cet aspect sans parler du cas Mode2, il est le premier, pour moi, à avoir élevé cette pratique peu académique au rang d'art, urbain certes, mais art tout de même. Il faisait les fresques dans les clip du "Suprême NTM". Etant connu pour faire des persos hallucinant, avec un style caractéristique, il fit de nombreux logos. Celui qui m'a réellement marqué est la fillette tenant un ours en peluche qu'il a réalisé pour la marque "Lady Soul".
Je vous encourage vivement à aller vister:

www.mode2.org

Un autre collectif énorme par la taille de ses projets, les MAC. Une fresque aboutie étant étroitement liée avec des persos de qualité et Alex est, pour moi, le maître incontesté du réalisme, c'est à se demander si c'est fait avec une bombe, sincèrement quelle dextérité! A consulter également de toute urgence:

mac-graffiti.net

Bien sûr,il y a d'autres noms ayant le talent pour s'adonner à la création de personnages, parmi eux:
NUMERO6, RYCK, STEF, MYST, POPAY. Le cas du dernier est particulier, car ses productions se classeraient aisément dans la catégorie art abstrait...

Big up: INDEM, GOREY, KONGO.

R.I.P ORUS...

tresh (for ever...)
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